Ce que le géomètre doit à la roche, est une installation-performance réalisée par Feda Wardak. Elle prend place le long de la route de Ferney, sur une épaisseur arborée vouée à disparaître pour permettre le passage du futur Tram des Nations. Plutôt qu’une critique de ce projet de transport public, l’installation interroge la notion de concertation citoyenne souvent mise en place dans le cadre de projets d’aménagement.

L’installation artistique vient transformer le paysage existant. Elle se traduit par un bloc de béton qui transperce le paysage sur plusieurs dizaines de mètres, créant un nouveau chemin transversal à la route de Ferney. L’installation et la performance musicale qui y est associée agissent comme provocation urbaine et préfigurent des usages liés à la construction de la nouvelle ligne de tramway. De manière générale, lorsque l’action publique fait exister un rapport entre habitant et espace public autour d’enjeux d’aménagement urbain, on n’échappe que très rarement aux processus de concertation. Ici, le dispositif artistique s’empare de certaines expressions utilisées dans le cadre de la concertation du Tram des Nations (transpercer le paysage, créer des transversalités, participation directe, traverser l’espace, vers une ville plus verte…) pour les faire exister dans un récit fictif.

Celui-ci s’appuie sur une concertation menée par un géomètre avec les pierres du Niton, les rochers émergeant du Léman. Plutôt que de positionner « l’habitant » dans un processus d’acceptation d’un projet infrastructurel déjà élaboré en amont, ici le minéral (interprété par Jackson Thélémaque) donne un droit d’agir direct à l’artiste, incarné par un géomètre (interprété par Feda Wardak).

L’objectif est de soulever des interrogations quant à la manière de définir un paysage commun. Ce paysage ne tient pas uniquement compte d’une écologie environnementale, mais il convoque également des écologies sociales et politiques.